La croissance et le progrès sont les deux mythes civilisateurs de l’Occident. Deux mythes qui, depuis le XVIIIe siècle, se sont tellement fondus l’un dans l’autre que longtemps on a pris pour des fous, des archaïques ou des utopistes ceux qui ont essayé de les découpler. Pas facile de détricoter la grosse pelote conceptuelle dominante, surtout quand Dieu lui-même s’en mêle : “Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et l’assujettisez, dominez sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel et sur tout animal qui se meut sur la terre.”
Mais quand la terre brûle, il faut bien réécrire la Genèse. Deux bons auteurs s’y emploient, Al Gore et Dominique Méda, le premier avec Le Futur, six logiciels pour changer le monde, la seconde avec La Mystique de la Croissance. Al Gore et Dominique Méda même combat. Le premier remplacera peut-être un jour Obama, il est moins probable que la seconde donne enfin à une femme le pouvoir suprême ; [...]